Climat et énergie dans le développement régional
Sensibilité des régions et adaptation au changement climatique
Afin de maintenir ou d'améliorer la qualité de vie dans les villes et villages, il faut tenir compte de l'évolution du climat à venir. Ainsi, le nombre de jours de canicule dans les agglomérations devrait par exemple doubler d'ici 2060, voire tripler d'ici 2085 si aucune mesure de protection climatique n'est prise. Sur le Plateau, les besoins en énergie de refroidissement vont fortement augmenter, comme le montre une étude publiée par l'Empa. Il faut de plus en plus tenir compte de la protection thermique estivale des bâtiments, plutôt que d'optimiser uniquement les pertes de chaleur en hiver, afin de minimiser l'augmentation des besoins en énergie. Dans les zones bâties, l'aménagement du territoire est appelé à laisser des corridors libres afin de maintenir le refroidissement naturel la nuit. Les espaces verts, d'eau et les surfaces non imperméabilisées (concept de «ville éponge») doivent également être préservés et encouragés. Les bureaux d'architectes et les entreprises de construction peuvent recourir à des matériaux de construction adaptés au climat, comme le bois (voir par exemple le projet en cours «Climat: des matériaux adaptés pour les villes» dans le cadre du programme pilote fédéral d'adaptation aux changements climatiques), et végétaliser les bâtiments et leurs alentours. Là où il n'est pas possible de renoncer au revêtement des routes, les îlots de chaleur et le bruit peuvent être réduits grâce à des revêtements routiers clairs «sans surchauffe».
Dans les régions de montagne, les dangers naturels (p. ex. suite à la fonte du permafrost ou à l'affaiblissement des forêts de protection), le régime des eaux ou le manteau neigeux changent. A moyen terme, seuls les domaines skiables les plus élevés seront encore viables. Les destinations peuvent développer à temps des offres indépendantes de l'enneigement.
Protéger le climat avec des technologies existantes et nouvelles
Les activités visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre peuvent donner lieu à des innovations, à de nouveaux domaines d'activité et à de nouveaux emplois. L'économie suisse peut continuer à croître même avec l'objectif zéro émission nette (étude de la Confédération de 2022). En misant à temps sur des produits, des services et des modèles commerciaux respectueux du climat, il est possible d'éviter les investissements dans des technologies dépassées, ce que l'on appelle les lock-ins. Dans les domaines où la part des émissions de gaz à effet de serre est la plus élevée (p. ex. transports: 33%, bâtiments: 24% (état 2014)), les technologies existantes telles que la géothermie, l'énergie solaire et l'électromobilité permettraient de réduire les émissions pratiquement à zéro. Les bâtiments sont même déjà en mesure de produire plus d'énergie qu'ils n'en ont besoin (exemple : premier quartier à énergie positive à Worblaufen BE). Les émissions provenant de l'agriculture et de l'incinération des déchets sont plus difficiles à réduire. Pour atteindre zéro émission nette, il faut ici recourir au captage du CO2 directement sur les installations industrielles et au stockage (CCS) et aux technologies dites à émissions négatives (NET). La recherche y travaille.
Changements climatiques et politique climatique en Suisse
Le changement climatique se poursuit inexorablement. Depuis la période préindustrielle 1871-1900, le climat s'est réchauffé de 1°C à l'échelle mondiale et de 2°C en Suisse (MétéoSuisse). Ce réchauffement a de nombreuses conséquences. La circulation globale de l'air dans l'atmosphère se modifie. Les étés suisses deviennent plus chauds et plus secs, les vagues de chaleur plus fréquentes et plus fortes. En revanche, les autres saisons deviennent un peu plus humides, les fortes précipitations et les précipitations prolongées augmentent. La limite de la neige monte et les glaciers reculent. Ces évolutions vont se poursuivre, comme l'ont confirmé les scénarios climatiques pour la Suisse CH2018. Sans protection du climat, les glaciers de Suisse auront en grande partie disparu d'ici 2100.
Animation: L'EPFZ a calculé dans quelle mesure le plus grand glacier des Alpes, le glacier d'Aletsch, se retirera d'ici 2100. Entre 1850 et 2020, les glaciers de Suisse ont déjà perdu 60% de leur volume. Environ un tiers du volume actuel pourrait être sauvé par une protection climatique conséquente (à gauche). Sans mesures globales de protection du climat, le glacier d'Aletsch disparaîtra pratiquement entièrement d'ici la fin du siècle (à droite).
Dans sa politique climatique, la Suisse s'oriente vers l'accord global de Paris de 2015. Le réchauffement global doit être limité bien en dessous de 2°C par rapport aux températures préindustrielles afin d'éviter des conséquences irréversibles. Certaines études montrent que le produit intérieur brut du monde, mais aussi de la Suisse, pourrait plus ou moins diminuer en fonction du degré de réchauffement. La Suisse a adapté son objectif climatique et vise la neutralité climatique d'ici 2050 («zéro émission nette»). Avec le temps, la pression pour agir et l'importance de l'adaptation, plus coûteuse que la protection du climat, augmentent pour faire face aux effets inévitables du changement climatique. De plus, les réductions des émissions de gaz à effet de serre ne produisent leurs effets sur le climat que 20 à 30 ans plus tard.
Le plan d'action actualisé du Conseil fédéral pour l'adaptation aux changements climatiques a défini les mesures correspondantes de la Confédération pour 2020-2025. De nombreux cantons ont déjà élaboré des stratégies climatiques (voir par exemple la liste des stratégies cantonales d'adaptation de l'Office fédéral de l'environnement OFEV) et s'orientent vers les stratégies de la Confédération (par exemple «zéro émission nette»). Seules quelques régions ou communes ont élaboré des stratégies climatiques jusqu'à ce jour.
Comment une région peut protéger le climat et s'adapter aux changements climatiques
Une région peut élaborer une stratégie climatique. Afin d'utiliser les potentiels de synergies, il est recommandé de thématiser la protection du climat, l'énergie et l'adaptation au changement climatique. Différents outils soutiennent l'élaboration d'une telle stratégie, comme le guide Stratégie climatique pour les communes et les conseils climatiques de la Confédération ou l'outil en ligne Adaptation aux changements climatiques de l'OFEV.
Des exemples de stratégies climatiques régionales:
Plus d'informations dans les documents de l'atelier «Unterstützungsprogramm Energie-Region» (en allemand) de la conférence regiosuisse de 2022.
Les cantons et les communes offrent parfois d'autres soutiens. FrancsEnergie donne un aperçu des aides dans la région.
Plus d'informations
- Vous trouverez d'autres exemples de protection et d'adaptation au changement climatique avec le soutien de la Nouvelle politique régionale (NPR) dans l'article publié en 2020 "Création de valeur climat-compatible avec la Nouvelle politique régionale" et dans la base de données des projets regiosuisse.
- Présentations de l'atelier "Changement climatique et développement régional" à l'occasion de la conférence regiosuisse 2021 (risques, chances et défis ; remontées mécaniques et changement climatique (en allemand))
- Des mesures concrètes pour la protection du climat dans les communes sont proposées dans le document "Starthilfe kommunaler Klimaschutz" de la Haute école spécialisée de Suisse orientale OST de 2020 (en allemand).
- Programme pilote fédéral d'adaptation aux changements climatiques - Phase 1 (projets achevés)
- Programme pilote fédéral d'adaptation aux changements climatiques - Phase 2 (en cours)
- National centre for climate services (scénarios climatiques CH2018, scénarios hydrologiques Hydro-CH2018)
Photo: SAK